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POESIES de NADINE KERVENNEC (Archives)
Origami de clarté
J'ai mis la table
Sous le prunier sauvage
Que tu aimes tant.
Si nous ne sommes que de passage
Profitons de ces instants
Sous le bleu incandescent.
Et faisons de nos vies
Une oeuvre d'art
Passée aux tamis de nos regards.
Origami de clarté
Que le temps et ses anges
Achèveront de patiner.
Cerisiers au printemps
Nuages noirs
et ciel de printemps
sur les cerisiers en fleurs
Les couleurs de la Terre
Et dans le jour naissant
Montaient les couleurs de la terre
Portées dans les bras du vent
Comme un bouquet de lumière.
Devant tes yeux s'enfuyait la nuit,
Alors que dans la douceur violine
Se couvrait de fruits
L'arbre aux mille soleils venant de Chine.
Le Calvaire
Altier au milieu des bruyères
Un amer solitaire
Repère centenaire pour les vents dominants,
Un calvaire de vieilles pierres
Sur une lande du ponant.
Lisses les visages granitiques
Plongeant aux racines de nos mémoires
Qu'un lichen d'or aromatique
Auréole dans le soir.
Amer de prières
Pour les vents de la terre,
Une croix de pierre
Pour un roi d'Orient,
Irradiant la lumière comme un arbre luxuriant.
Baie du bout du monde
je m'en vais retrouver les galets
de cette baie du bout du monde,
qui sait si bien accueillir l'océan...
Je m'en vais me mettre à l'écoute
des courants de la mer et des vents,
mêlés aux cris des mouettes
et des goélands insolents...
Je m'en vais réajuster mon coeur
aux battements de la terre,
aux fontaines de pierres
des enclos paroissiaux...
Je m'en vais écrire dans l'air
de façon lapidaire
...avec une plume d'oiseau...
Le Veilleur
Chants chuchotés
de lointaines contrées,
exilés,
portés par les vents
à mon esprit dérivant.
Je veille
face au levant,
et chaque jour
renouvelé
dans une quête
de l'immanent,
dessine ma prière
aux premiers traits
de l'astre naissant.
Vergés filigranés
Odeurs de papier et d'encre mélangés,
douceur des vélins,
petite marque d'eau du Fabriano.
Au gré des caravanes
de Samarcande à Bagdad,
des épousailles du lin et du chanvre
Le papier,
berge convoitée
par tant de mots qui aspirent à faire rêver.
Le pays d'ocre et d'imaginaire
Je rêve d'un pays d'ocre et d'imaginaire
ou la ligne d'horizon ondule dans la lumière,
une citadelle, un bastion
perdu dans les sables de ma déraison.
Immobile sans fortune
le bâton planté dans le vent,
sur la main un reflet de lune,
tel un mirage dans le couchant.
Le chant se propage inconnu mais suave,
il a brouillé les chemins, investi le paysage.
Complainte hongroise, lacis de quatrains
il a conquis la page de mes souvenirs lointains.
Accords tziganes
Les violons lancent leurs notes diaphanes
en accords tziganes
qui s'enroulent au creux de mon ventre
en longues plaintes lancinantes.
Etrange nostalgie
qui s'empare de mes nuits
pour habiter ma mémoire
de ses langueurs slaves.
Danse des foulards
chaleur des regards,
le chant des forains
le toucher d'une main.
Visions fugitives
ou la fuite est de mise
dans le sillage de leurs pas...
Et tout à coup incisive...
reverrais-je Budapest
et la Volga?
Lumière mordorée
C'est le chant du muezzin
qui ce matin m'a réveillée.
Le soleil baigne déjà la ville
d'une lumière mordorée...
J'aime cette cité aux senteurs d'orient,
aux saveurs épicées, aux gestes patients.
Les regards ombrés vous défient;
La beauté des ruelles me séduit.
D'ou me vient cette mémoire
du tracé de ces chemins
que j'emprunte pour la première fois,
qui me conduisent vers les lieux saints...
Thé de chine
Petit bol
bleu
fumant.
Le thé
de chine
parfumé subtilement.
bruine légère
aujourd'hui sur terre.
Sacramentaire oublié
Un vieux grimoire
sorti du placard.
Sacramentaire oublié
au fond d'un grenier.
Le livre ouvert
laissait distiller ses enluminures de rêve,
elles s'échappaient des pages
en volutes longues et sages.
La pièce baignait
dans le mystère des couleurs,
ouvrage secret
d'un vieil enlumineur.
Des dentelles d'entrelacs
posées ça et là
nées de la caresse d'un pinceau
comme un hommage au Très- haut.
Images délaissées
depuis tant d'années,
une invite au mystère
présence du ciel sur la terre.
©Nadine Kervennec
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