CHRONIQUES DE LAURENCE JAMOTTE

8 Mai 2000-L’Espagne à nouveau sous le choc
L’Espagne est en émoi. L’Espagne crie sa colère. L’Espagne est en deuil. Dimanche, un journaliste politique au quotidien El Mundo, connu pour son engagement en faveur de la démocratie, a été tué à l’entrée de son domicile, dans une petite localité basque. Il a reçu quatre balles, tirées à bout portant. L’assassinat, selon toute vraisemblance, a été commis par l’organisation séparatiste basque, l’ETA.
En tuant José Luis Lopez de la Calle, les assassins ont voulu frapper fort. C’est à un symbole de la liberté de la presse qu’ils se sont attaqués. Manifestement, en faisant taire une voix engagée, ils entendaient donner un signal à tous ceux qui osent élevé le ton.
José Luiz Lopez n’était en effet pas que journaliste. Ancien avocat, militant communiste, figure syndicale, cet homme luttait de longue date contre, ce qu’il nommait, « le fascisme ». Il avait d’ailleurs été durement réprimé sous le régime franquiste et avait été condamné à cinq ans de prison. Surtout, en 1997, après l’assassinat par l’ETA du jeune conseiller, Angel Blanco , José Luiz Lopez avait constitué le forum d’Ermua, qui se bat en faveur de l’unité politique et qui fait preuve de fermeté à l’égard de l’ETA.
En tant que fondateur de ce forum, l’homme se savait menacé, mais avait refusé de prendre des mesures de sécurité particulières. Récemment, il avait donné une interview à la télévision, réclamant des élections anticipées et dénonçant le comportement ambigu des politiciens basques qui refusent de couper leurs relations avec l’ETA.
En réaction à son assassiant, le premier Ministre, José Maria Aznar, actuellement en voyage à l’étranger, a réclamé des élections anticipées au Pays Basque et a enjoint les partis politiques basques à choisir entre la démocratie et le nationalisme. De leur côté, afin de protester contre cet assassinat et contre les méthodes terroristes employées par l’ETA, de nombreux citoyens espagnols ont manifesté en divers endroits du pays, tandis que le personnel de plusieurs municipalités basques et des journalistes ont observé des minutes de silence. Par respect pour le journaliste. Aussi pour dire qu’ils ne laisseront pas l’ETA bâillonner la presse.

©Laurence Jamotte, 2000.