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CHRONIQUES DE LAURENCE JAMOTTE
26 Avril 2000-Elian: nouvel épisode d'une affaire qui n'a que trop duré
En ce week-end pascal, l'affaire Elian Gonzalez. a connu un nouveau rebondissement. Deux images bien différentes ont agrémenté le débat. L'une montre Elian, ce petit cubain de six ans, seul rescapé d'un naufrage au bord des côtes américaines, en pleurs dans les bras de son sauveur. En face de lui, un agent américain, en tenue de combat, mitraillette à la main. La seconde photographie présente quant à elle un petit garçon souriant, visiblement heureux de retrouver les bras de son père, après près de cinq mois de séparation.
La première photographie a rapidement fait le tour du monde. Elle a provoqué la colère des habitants de Little Havana. La Communauté cubaine de Miami s'est en effet empressée de dénoncer un " raid brutal et honteux, digne de Castro ". Le second cliché, diffusé par les autorités, visait surtout à apaiser les esprits et à rassurer ceux qui s'inquiétaient de la santé et de l'équilibre de l'enfant.
Certes, il est encore un peu tôt pour tirer les conclusions. L'affaire n'est pas encore terminée. La justice américaine doit encore statuer sur l'appel introduit par l'oncle d'Elian devant un tribunal national. Le Congrès américain se penche également sur le bien-fondé du raid nocturne.
Mais d'ores et déjà, on peut dire que cette affaire n'a que trop duré. Les négociations entre le papa, la famille de Miami et les autorités américaines, entamées il y a cinq mois, s'enlisaient chaque jour davantage. Surtout, il semble que le bien-être du petit garçon n'était pas la préoccupation numéro un des uns et des autres.
Depuis le début, les militants anti-castristes se sont saisis de l'affaire, mais en présentant le petit garçon comme le martyre de Fidel Castro, en faisant de l'enfant leur effigie, leur objectif était d'abord de politique. Il s'agissait de défendre leur propre cause. Le Lider maximo a également tiré profit du drame d'Elian, en mobilisant les foules cubaines derrière lui et en diabolisant son " ennemi américain ". Enfin, à l'approche des prochaines élections, les politiciens américains ont cédé à la démagogie et aux propos électoralistes, en ménageant les milliers d'exilés cubains, électeurs américains potentiels. Le seul perdant est à coup sûr Elian, qui, à cet âge, ne doit pas bien comprendre les stratégies et combines qui se trament autour de sa personne.
©Laurence Jamotte, 2000.
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