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CHRONIQUES DE LAURENCE JAMOTTE
27 Mars 2000-Russie: une victoire sans surprise du président par intérim
Sans surprise, Vlamidir Poutine a tenu son pari. Il a été élu, dimanche au
premier tour des élections, président de la Russie, avec plus de 52 %.
Encore inconnu il y a près neuf mois, cet homme a connu une ascension
fulgurante. L'ex-chef des services secrets, homme de l'ombre intronisé par
Boris Eltsine, s'est d'abord fait connaître par les Occidentaux en tant que
Premier Ministre. Il est ensuite devenu chef du Kremlin lorsque Boris
Eltsine, en perte de vitesse, de plus en plus vieux et malade, lui a cédé sa
place le 31 décembre 1999.
Aujourd'hui, le président par intérim, a été consacré par les urnes. Les
clefs de son succès : un programme politique flou, le soutien de Boris
Eltsine et de son clan, sa fermeté dans la guerre en Tchétchénie,
communément dénommée en Russie la lutte antiterroriste, et la faiblesse de
ses adversaires.
Le taux de participation, qui devait assurer la victoire de Poutine, s'est
avéré plus faible que prévu. Les derniers jours avant le scrutin, Poutine
avait d'ailleurs senti " l'odeur de gaz ". Poutine avait prié " le peuple de
se rendre aux urnes pour le bien de la Russie ". Il avait même mis la
pression, en prévenant qu'un second tour coûterait très cher à la Russie, "
l'équivalent de milliers de retraites ".
La victoire de Poutine montre encore la marginalisation des autres forces
politiques, notamment les partis dits centristes, démocratiques et libéraux.
On peut même parler de véritable débâcle pour Grigori Yavlinski. Les
réformateurs payent sans doute le prix de leur incapacité à s'unir. Quant
aux " communistes " de Guennadi Ziouganov, s'ils sont en perte de vitesse,
le score de leur leader reste honorable. Ziouganov a obtenu plus de 30 % des
suffrages. Ainsi, selon certains commentateurs, si Vladimir Poutine peut
s'enorgueillir de sa victoire, Ziouganov a encore de beaux jours devant
lui. Son parti constitue la deuxième force politique et peut revendiquer le
titre d'opposition officielle.
En tous cas, avec Vladimir Poutine à la tête du pays, la Russie s'est
surtout réveillée sous le signe de la continuité. Mais une continuité qui ne
va pas sans poser de questions. Comment Vladimir Poutine va-t-il relancer
l'économie, comment peut-il enrayer la corruption, comment rendre à la
Russie la place qu'elle avait sur la scène internationale ? Quelles
solutions apporter au conflit tchétchène ? Toutes des questions et tant
d'autres que les Russes mais aussi les puissances occidentales ne tarderont
pas à lui poser.
©Laurence Jamotte, 2000.
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