CHRONIQUES DE LAURENCE JAMOTTE

19 Mars 2000-L'eau, un bien essentiel à la vie
Dans les réserves en eau que comptent la planète, l'eau salée représente 97,5% du total. Sur les 2,5% d'eau douce, moins de 1% est utilisable et facilement accessible. L'eau est en outre très inégalement répartie : 10 000 m3 pour un Américain, 1 100 m3 pour un Egyptien et 260 m3 pour un Jordanien. Dans de trop nombreux villages du "Sud", il faut marcher plus de quatre heures pour accéder à l'eau. 1,2 milliard d'hommes, c'est-à-dire un habitant sur cinq, vivent sans eau potable en quantité et qualité suffisante. Ce chiffre pourrait doubler en 2025 si la gestion actuelle de cette ressource ne subit pas des changements.
Dans le monde occidental, où il suffit d'ouvrir le robinet pour avoir de l'eau, l'opinion publique et les chefs d'Etat ne semblent pas encore conscients des problèmes liés à la pénurie croissante d'eau. Pour remédier à cette situation, le second Forum mondial de l'eau vient de s'ouvrir à La Haye, aux Pays-Bas. Son objectif premier est de pallier le manque d'informations et de sensibiliser les dirigeants, les ONG et les citoyens à cette problématique.
Il y a fort à faire en la matière. Car, pour résoudre ce problème, il ne suffit pas de fournir quelques petits efforts, mais de modifier radicalement nos comportements. Ici, comme dans d'autres domaines, le gaspillage et les dommages causés aux réserves en eau sont en partie dus à notre modèle de développement économique et à notre mode de consommation.
Ainsi, bien que nous ayons la possibilté de réorienter les comportements vers une gestion davantage raisonnable de l'eau, bien que nous disposions à la fois des compétences économiques et environnementales pour le faire, le développement durable, respectueux des ressources naturelles, des populations du "Sud", les plus pauvres, et des générations futures, reste un voeu pieux. Sans doute, parce qu'aujourd'hui, le "business" mène la danse, négligeant la santé des populations du "Sud", méprisant le bien-être des générations futures.
C'est sans doute ce qu'ont voulu dénoncer des manifestants, qui ont perturbé la cérémonie d'ouverture du Forum mondial de l'eau. Ceux-ci se sont notamment élevés contre la "logique de privatisation et de spéculation des grandes multinationales sur un bien essentiel à la vie". Un bien que l'on sait désormais épuisable, et en de nombreux endroits de la terre déjà épuisé.

©Laurence Jamotte, 2000.