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CHRONIQUES DE LAURENCE JAMOTTE
18 Décembre 1999-Négociations israélo-syriennes: entre espoir et inquiétude
Israël et la Syrie sont revenus à la table des négociations, pour la première fois depuis trois ans et demi d'interruption du dialogue pour la paix. La rencontre, qui a eu lieu la semaine dernière, devrait permettre des avancées, malgré les nombreux contentieux et les pierres d'achoppement. L'un des enjeux fondamentaux porte sur le retrait israélien du plateau du Golan, où 17 000 colons juifs se sont installés depuis la prise de contrôle de ces hauteurs stratégiques syriennes, riches en eau, durant la guerre des Six jours en 1967. Les garanties de sécurité, la normalisation diplomatique entre les deux pays et l'ouverture de négociations avec le Liban sont également à l'ordre du jour des pourparlers.
Le début des discussions a été fort glacial, en raison des propos syriens qui ont irrité la délégation israélienne. Le chef de la diplomatie syrienne, Farouk al-Charef, avait en effet jeté un froid, en exigeant un retrait intégral d'Israël de tous les territoires syriens sous occupation et en faisant porter sur ce pays la responsabilité de la guerre des Six jours. La suite des événements a pris une tournure plus positive.
L'enjeu est de taille, l'échec des négociations signifierait sans aucun doute l'ouverture d'un nouveau cycle de violences. Par contre, en cas de réussite, chacun des négociateurs pourrait en tirer profit. Le parrain de l'opération, le président américain Bill Clinton, s'il arrive à mener à bien les discussions, pourrait terminer son mandat (en 2001) sur une note positive et redorer autant son blason que celui du parti démocrate. Le président syrien, Hafez el-Assad, malade et âgé de plus de 70 ans, pourrait quant à lui offrir à son successeur un pouvoir en paix avec son voisin redouté. Enfin, pour le Premier ministre israélien, Ehoud Barak, les avantages d'une paix avec la Syrie sont de deux ordres. D'une part, elle pourrait attester de sa volonté de paix et redonner ainsi vigueur aux négociations israélo-palestiniennes. Ensuite, Ehoud Barak, comme ses prédéce
sseurs, Menahem Begin, Yitzhak Rabin et Shimon Perès, qui ont établi un accord de paix avec l'Egypte et la Jordanie, pourrait entrer dans l'histoire et voir son nom associer aux hommes qui ont fait avancer la paix.
Mais avant d'évoquer les avantages d'une " pax syriana ", chaque camp doit accepter que la paix ne se fera pas sans concessions. La tâche est colossale et ne dépend pas seulement des deux " ennemis " qui se trouvent autour de la table. Ehoud Barak et Hafez el-Assad doivent convaincre notamment leur opinion publique des bienfaits d'un accord. Entre les partisans de la paix et les bellicistes convaincus, le climat se situe entre espoir et inquiétude.
©Laurence Jamotte, 1999.
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