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CHRONIQUES DE LAURENCE JAMOTTE
6 novembre 1999-USA: Comment donner la mort?
La chaise électrique est-elle ou non un moyen "anormal et cruel" d'exécution
? C'est à cette question que devra répondre la Cours
suprême des Etats Unis dans les mois à venir. Elle a déclaré en effet
recevable le recours d'un condamné à mort de Floride, dont l'exécution
était prévue la semaine dernière.
C'est la première fois depuis 1890 que la Cours accepte d'examiner la
constitutionnalité de l'électrocution comme méthode d'exécution. En fait ,
cette décision intervient après que divers "dysfonctionnements" du matériel
électrique aient été constatés en Floride. En 1990 et 1997, des flammes
étaient sorties du masque porté par le condamné à mort.
La tension était alors montée d'un cran. Mais la Cours suprême de
Floride était restée impassible et avait refusé de suspendre toute
exécution.
En juillet dernier, la polémique a surgi à nouveau. L'exécution d'Allen Lee
Davis, condamné pour le meurtre d'une femme enceinte et de ses deux enfants,
a donné lieu à de nouveaux dérèglements de la chaise
électrique. Des témoins, qui assistaient à l'exécution, ont affirmé
qu'un filet de sang avait coulé sous le masque couvrant le visage de
Davis. Last but not least, la Cours suprême de Floride avait diffusé sur son
site internet des clichés du condamné pris après l'exécution.
La décision de la Cours suprême des Etats Unis suscite aujourd'hui
une première satisfaction dans les rangs des opposants à la peine de mort.
Reste les autres modes d'exécution et le fait que les Etats Unis
ne semblent pas prêts à renoncer à la peine capitale. Le département d'Etat
vient d'indiquer, dans un rapport transmis à l'ONU, qu'il n'acceptait pas
les critiques sur l'usage de la peine capitale. Cette année, 79 personnes
ont été exécutées aux Etats Unis, ce qui constitue un record depuis le
rétablissement de la peine de mort en 1979.
En tout cas, les partisans de l'abolition de la peine capitale ne baissent
pas les bras. A Rome, soutenus entre autre par l'ONU, ils ont décidé de
manifester, d'une manière visuelle, en faveur de l'instauration d'un
moratoire des exécutions. Chaque fois qu'un condamné à mort sera gracié ou
qu'une exécution sera reportée sur la planète, le Colisée s'éclairera de
lumières dorées pendant 48 heures.
©Laurence Jamotte, 1999.
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