Nefs

Mes doigts redessinent la pierre
Et retrouvent les nefs anciennes
Sur ces portails dressés entre terre et mer
Où mes sens me retiennent.

De ces vaisseaux dolents
Ivres sous la morsure du sel
Naissent des rêves d'Orient
Qu'emportent les pétrels.

D'autres mains les ont couché
Enchâssé dans leur mystère
Talentueux visionnaires
Des arches solitaires.

Des rondes du sable
Aux rondes du temps
Portées par les vents instables
Les carènes s'effacent lentement.

L'ambre des amarres
Coule du granit
Comme un monde que l'on quitte,
Je garde la mémoire...

Les Chants de la Terre

Aux chants matinaux
Qui s'élèvent de la terre
Se joue la cantilène
De mes pas de griot

Les mélopées anciennes
Autant que je m'en souvienne
Reprennent le chemin de mes veines
Et troublent mon sommeil

Saisissant florilège
Au souvenir de ta peau
Remontant de la grève
Dans un vent de roseaux

Je suis une part du rêve
Des miroirs céladon
Que forment les eaux solitaires
Des fontaines à l'abandon

Crépuscule

Le vent s'est tu, l'ombre s'avance, c'est l'heure prégnante du crépuscule ou nos sens en attente mus par une certitude muette s'invitent, et vivent les réalités invisibles.
C'est l'heure fragile où les mondes se faufilent se croisent et s'évanouissent en cet instant unique.
Le seringa ivre se rêve roi dans la douceur minérale et de son parfum couvre les terrasses.
C'est l'heure pacifique ou la pierre se meut dans les ombres qui s'allongent et libère sa chaleur en écho à nos coeurs.
C'est l'émotion qui naît avec force de nos entrailles, une harmonie à la vie qui sans bruit nous éblouit.