Né quelque part entre la République du Ghana et celle du Bénin,
ce Togolais au visage allongé et au regard à la fois vif et naïf
comme un curé pose un oeil soucieux sur deux siècles,
celui qui l'a vu naître (le XXeme siècle) et celui qui l'a vu mûrir
(le XXI eme siècle), et aussi sur deux mondes, celui où il a vécu
les tendres années de sa vie (l'Afrique et plus particulièrement son Togo natal)
et l'occident où il vit. En quête de vérité dans ce monde où selon lui
tout est heurt, confus devant l'hypocrisie grandissante des différentes
cultures qui se repoussent et prétendent le contraire,
le choc des civilisations et des religions qui s'écartent du divin
sont pour lui une hantise permanente. A cela s'ajoutent les questions
sur la destinée et le temps; ce navire funeste par Dieu manœuvré
qui détruit et la mort qui répare. L'ignorance est source d'inspiration,
non, parlons plutôt de motivation. Ayi serait inspiré s'il était un
esprit éclairé, c'est trop osé, d'aucun diront que c'est prétentieux,
d'ailleurs il ne revendiquerait jamais cela. Car quand on maîtrise un sujet
on en parle peu, ou presque pas, mais quand on ignore tout,
il faut alors s'interroger, c'est ce que fait Ayi c'est d'ailleurs
dans ce cadre qu'on dira de lui peut-être à tort qu'il est un homme
de lettre ou un écrivain, que les vrais écrivains ne se sentent pas insultés.
Plus tard nous dira t-il : " Si les lecteurs pourraient répondre aux questions
que je me pose dans mes vers, ils feraient de moi un esprit complet ".
On voit clairement son caractère atypique, même si on trouve chez lui
les sentiments qui font d'ordinaire les poètes on peut affirmer que
ce faiseur de vers est un ignorant qui cherche à se découvrir.