CHRONIQUES DE LAURENCE JAMOTTE

2 Mai 2000-Retour difficile mais nécessaire sur la mort de Patrice Lumumba
Quelle est "l'implication éventuelle" de la Belgique dans l'assassinat de Patrice Lumumba ? Dans quelles circonstances exactes le premier ministre congolais a-t-il été tué le 17 janvier 1961 ?
C'est à ces questions que des députés belges vont tenter de répondre dans les mois à venir, au sein d'une commission d'enquête parlementaire. La parution du livre de Ludo De Witte, sociologue flamand,a plus que vraisemblablement suscité la réouverture du dossier.
Le livre intitulé "De moord of Lumumba" (L'assassinat de Lumumba), avait jeté un pavé dans la marre, en révélant le nom des policiers et militaires belges présents lors de l'éxécution du leader nationaliste congolais et chargés de faire disparaître son corps.
Après la parution du livre, un des anciens policiers avait, en outre, reconnu les faits, racontant que les souvenirs de cette période le hantaient et confirmant par la même la version défendue par Ludo De Witte.
Pour ce dernier, la Belgique aurait décidé d'écarter un dirigeant (trop) nationaliste, peu docile à l'égard de l'ancienne puissance coloniale et qui s'était en plus élevé contre la souffrance et l'humiliation endurée par son peuple durant la période coloniale.
Selon cette version, l'assassinat de Patrice Lumumba n'était pas un règlement de compte entre congolais.
Le sociologue minimise également le contexte de la guerre froide, régulièrement mis en avant,notamment par une chercheuse américaine qui avait révélé les tentatives d'assassinat du premier ministre par la CIA.
La commission d'enquète a certes pour objectif de faire la lumière sur les circonstances de la mort du premier ministre, mais les débats seront aussi l'occasion de revenir sur des faits dramatiques enfouis dans les mémoires. A coup sùr, ce retour sur l'histoire rouvrira des blessures profondes et bousculera sans doute les soi-disants vérités et éclaboussera plus d'un homme politique de l'époque.
Mais, si les députés belges vont jusqu'au bout de leur mission, ce retour en arrière ne sera pas inutile. Il devrait au moins permettre d'apaiser les tensions entre deux peuples qui ont hier partagé une histoire commune.

©Laurence Jamotte, 2000.