|
CHRONIQUES DE LAURENCE JAMOTTE
17 Février 2000-Les bourreaux ne sont pas tous logés à la même enseigne
La Belgique, l'Espagne, la France et la Suisse viennent de remporter une
bataille. La justice britannique a tranché en leur faveur. Jack Straw, le
Ministre britannique de l'Intérieur, a dû livrer le rapport médical de
l'ex-dictateur chilien, sur base duquel il s'était dit enclin, en janvier, à
libérer Augusto Pinochet.
La victoire des pays, qui avaient introduit l'action devant la haute Cour,
est d'abord celle du droit international. Cette fois, le juridique semble
bien l'avoir emporté sur les considérations économiques et politiques.
Le Ministre belge des Affaires étrangères a souligné l'importance de la
décision : "Dans ce dossier, l'éthique a rejoint la justice. Il y a tout
lieu de s'en réjouir. Désormais, les dictateurs présents ou à venir savent
qu'ils pourront être rattrappés par leurs actes".
En dépit de ces affirmations, certains "hommes forts" ne craignent pas les
récents développements du droit international. Qui s'insurge contre ce qui
se passe en Tchétchénie? Les mises en garde adressées aux Russes ne semblent
pas à la mesure de la barbarie qui s'y déroule.
Ces derniers jours, sans que l'information ait pu être confirmée dans les
cercles internationaux, on a entendu parler de camps de "filtration", dont
les civils ne sortiraient qu'infirmes. Le journal "Le Monde" a publié un
effroyable témoignage, celui de "Moussa", comme a choisi de l'appeler le
quotidien français. L'homme rescapé du camp de Tchernokozovo, libéré après
son "rachat" par sa famille, parle de conditions de vie déplorables, de
privations, de viols, de tortures : côtes cassées, doigts et oreilles
coupés, tympans crevés.
Le récit de "Moussa" demande certes confirmation ou au moins recoupement des
sources, mais les associations de défense des droits de l'homme ont déjà
recueilli suffisamment d'éléments alarmants et accablants sur la situation
tchètchène. Pour l'instant cependant, le silence reste de mise. Les
victoires du droit international ne font pas encore trembler tous les
tortionnaires et les bourreaux qu'héberge la planète.
©Laurence Jamotte, 2000.
|