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CHRONIQUES DE LAURENCE JAMOTTE
27 Janvier 2000-Autriche: l'extrême droite aux portes du pouvoir
Autriche : l'extrême droite aux portes du pouvoir
La tranquille Autriche n'est plus qu'un souvenir...Elle n'en finit pas
d'offrir de nouveaux rebondissements. Dernier en date : les négociations
entre le parti de la liberté de Jörg Haider
(FPO, extrême droite) et les conservateurs du parti populaire (OVP) en vue
de former un nouveau gouvernement.
Au lendemain des élections d'octobre 1999, les conservateurs de l'ancien
ministre des affaires étrangères Wolfgang Schüssel et les sociaux-démocrates
du Chancelier Viktor Klima avaient annoncé leur volonté de reconduire la
coalition au pouvoir depuis 1986. Plus de trois mois plus tard, le 18
janvier dernier, les négociations se terminaient par un échec. Le président
Klestil chargeait alors le Chancelier socialiste Viktor Klima, dont le parti
est arrivé en tête des élections, de poursuivre les consultations, pour
former cette fois un gouvernement minoritaire autour des seuls
sociaux-démocrates*. La réaction de l'OVP n'a pas tardé. Dès lundi, les
conservateurs ont accepté de s'asseoir à la même table que Jörg Haider et
d'engager les pourparlers.
En Autriche, l'extrême droite au pouvoir n'est donc plus un scénario
improbable. Désormais, il n'est plus tabou de courtiser et de flirter avec
le FPO. Et il semble que le pays ne risque pas de trop souffrir de cet
épisode. Si le FPO parvient au pouvoir, l'image de l'Autriche se verra sans
doute ternie dans les instances internationales. Mais une mise au ban de
l'Autriche semble, selon plusieurs observateurs, peu probable. Jusqu'à
présent, seul un Etat, Israël, a lancé une mise en garde réelle à Vienne,
affirmant que son ambassadeur serait rappelé si Jörg Haider entrait dans
l'exécutif. D'autres voix se sont fait entendre en France, en Italie, en
Pologne.
Deux instances semblent également s'inquiéter, mais elles n'ont qu'un
pouvoir d'influence. Une pétition, rappelant les propos admiratifs du
nazisme tenus par Jörg Haider circule au Parlement Européen, ou l'on
souligne aussi qu'un article du traité d'Amsterdam prévoit des sanctions
contre les pays portant atteinte aux droits de l'homme et à la démocratie.
De son côté, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, estimant
"préoccupant les succès électoraux de partis comme le Vlaams Blok en
Belgique, l'UCD en Suisse et le FPO en Autriche", réclame des mesures pour
lutter contre la menace des partis extrémistes dans les 41 états membres.
Mais au-delà des déclarations d'intention et des pays indignés, des
stratégies concrètes seront elles appliquées pour soigner le mal à la racine ?
On le sait, l'extrême droite prospère largement la ou le chômage, le
précarité, l'injustice fiscale et sociale ou le sentiment d'insécurité
fragilisent les individus. En attendant qu'on accorde plus d'attention à ces
problèmes, Jörg Haider tente de rassurer et se montre sous son plus beau
jour, tandis que l'OVP voit déjà l'un des siens s'asseoir dans le fauteuil
de chancelier. Peu importe qui siégerait à ses côtés...
*Mardi soir (25 février), Viktor Klima à reconnu l'impossibilité de former
un tel gouvernement.
©Laurence Jamotte, 2000.
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