La chronique de Ben


Le système immunitaire humain.

Ces dernières semaines le monde a fait face à une épidémie de grippe assez importante. Je parierai même que quelques uns d'entre-vous ont passé quelques jours au lit avec une fièvre de cheval et des maux de tête épouvantables. Et quelques jours plus tard les revoilà sur pied, pourtant ils n'ont pas pris d'antibiotique particulier (qui auraient étés inoffensifs pour le virus), alors comment se fait il qu'ils soient guéris ?

Notre corps nous protège des intrusions de corps étrangers d'une multitude de façons, la plus évidente de ces protections étant formée par notre peau qui bloque le passage aux microbes, poussières et autres substances non-désirables dans notre organisme. En plus de fermer la porte aux intrusions, notre peau est rendue moins hospitalière pour les microbes grâce à la production de sueur, légèrement acide et riche en sels minéraux (ce qui a une action déshydratante sur les microbes).

D'autres résistances passives sont mises en ouvre pour rendre la progression des microbes plus difficile. L'une des voies les plus simples pour pénétrer dans l'organisme est l'ingestion. Heureusement nous sommes protégés par notre salive qui contient des enzymes digestifs qui attaquent les microbes, après quoi ils seront digérés par d'autres enzymes ainsi qu'un bain d'acide chlorhydrique très concentré dans notre estomac (pH 1 à 2, extrêmement acide). Une fois passé dans l'estomac, le bol alimentaire passe par le duodénum et les intestins ou le pH change du tout au tout (pH 7-9, légèrement basique) ce qui élimine les microbes adaptés à l'acidité (car on ne peut pas à la fois aimer l'acidité et l'alcalinité...).

Les intestins nous offrent une protection supplémentaire grâce à une quantité énorme de bactéries non pathogènes qui constituent ce que l'on appelle "la flore intestinale". La présence de ces bactéries freine le développement d'autres bactéries dangereuses pour l'homme.

Voilà pour les défenses passives, mais notre corps est aussi défendu activement par une véritable armée qui traque les corps étrangers qui auraient réussi à s'introduire dans notre corps, malgré toutes les barrières que nous avons évoquées. Tout d'abord les leucocytes se laissent dériver dans notre sang, et phagocytent ("mangent") les corps étrangers, qui seront complètement digérés dans les heures qui suivront. Les macrophages et les monocytes jouent un rôle similaire en restant attachés à certains organes.

Il existe également des messagers, les "interférons", qui sont envoyés par les cellules de notre corps lorsqu 'elles sont attaquées par un virus. Ces interférons préviennent les cellules du voisinage afin qu'elles résistent lorsqu'elles seront attaquées à leur tour.

Notre corps utilise aussi des sortes de missiles à tête chercheuse, qui connaissent certains microbes et les traquent spécifiquement dans notre organisme. Les lymphocytes B, lorsqu'ils entrent en contact avec un corps étranger, établissent sa carte d'identité moléculaire et créent des anticorps spécifiques. Ces anticorps s'attaqueront automatiquement à tous les corps du même type, c'est ce qui donne lieu au principe de la vaccination. Lorsque l'on vaccine quelqu'un on donne la carte d'identité d'un microbe a l'organisme sans le microbe lui-même (les microbes sont morts ou suffisamment affaiblis) afin qu'il puisse déjà préparer des anticorps. Lorsque le corps entrera à nouveau en contact avec cette carte d'identité il la reconnaîtra et pourra réagir beaucoup plus rapidement. Tout le problème lors de la création d'un vaccin consiste à séparer le po uvoir pathogène (ce qui nous rends malade) d'un microbe, de son pouvoir antigénique (qui permet de le reconnaître et de préparer des anticorps).

D'autres lymphocytes, les lymphocytes T, s'occupent de détruire des cellules entières. Ces tueurs de cellules sont entraînés à reconnaître les bactéries, les cellules malades, cancéreuses ou infectées par un virus et à les phagocyter. Ces lymphocytes sont également responsables du rejet des greffes, car ils savent différencier une cellule de notre corps d'une cellule d'un autre être humain (ce qu'elles considèrent comme une agression).

Car notre système immunitaire est une arme à double tranchant, s'il nous protège la plupart du temps il peut aussi se retourner contre nous. Si les problèmes liés aux greffes et aux transfusions sont encore assez compréhensibles, puisqu'il s'agit de corps étrangers, dans certains cas notre système immunitaire semble chercher à nous détruire. Cela se produit par exemple dans certains cas de diabète juvénile ou le système immunitaire considère une partie du foie (les îlots de Langhermans, qui sécrètent l'insuline) comme un corps étranger et la détruit.

D'autres inconvénients apparaissent lorsque notre système immunitaire réagit de manière exagérée à la présence d'un corps étranger, c'est ce qui se produit lorsque l'on est allergique. Il arrive aussi que notre système immunitaire soit quasiment incapable de nous défendre, c'est notamment le cas lorsque la maladie proviens de notre propre organisme (maladies génétiques, " vache-folle ") ou lorsqu'il est lui-même attaqué (SIDA).

Dans le cas de la vache folle, il s'agit d'un prion (agents non conventionnels, sans ADN ni ARN, qui se transmettent par interactions entre protéines). C'est une molécule qui s'auto-catalyse (qui facilite la création d'autres molécules identiques à elle-même). Ce prion est une protéine naturellement présente dans l'organisme, sous une forme géométriquement différente qui le rends pathogène. Sont agencement spatial la rends plus difficilement destructible par les enzymes, ce qui provoque une accumulation de prions dans le système nerveux.

Dans le cas du SIDA il s'agit d'un virus qui attaque les lymphocytes T. Le virus est un rétro-virus, ce qui signifie qu'il n'a pas d'ADN (l'ADN est en quelque sorte le plan de montage d'un organisme, ce qui permet de le reproduire entièrement) mais de l'ARN (qui est une sorte de copie de travail, partielle et simplifiée, de l'ADN). Le virus ouvre une brèche dans la paroi cellulaire d'un lymphocyte et pénètre à l'intérieur. Il utilise ensuite une enzyme particulière pour transformer son ARN en ADN et pour l'inclure dans l'ADN du lymphocyte. Ainsi, sans le savoir, lorsque le lymphocyte utilise son propre ADN pour se reconstruire, il crée une multitude de nouveaux virus. Une fois que le lymphocyte est saturé de virus, il meurt et les libère dans l'organisme. Ils rechercheront alors d'autres lymphocytes T et les infecteront. Le SIDA n'est pas mortel en lui-même, mais il rend l'organisme vulnérable face à la moi ndre maladie.

Pour tout commentaire, Benoit Fries
© Ben (Benoit Fries) 2000.

Vous trouverez beaucoup d'information sur ce sujet (et beaucoup d'autres) sur le site du CNRS et de "La recherche".